De la religion 1 - des hypocrites

 

 


 
Un jour je poste sur Facebook, une magnifique photo de Sally Mann, cette immense photographe étasunienne. Il s'agit d'une série qu'elle fit avec son mari comme modèle. (Photo en question ci-dessus)
 
L'idée de l'artiste est d'aller au-delà des conventions figées de représentations du corps, et de faire des nus masculins. Son mari est atteint d'une maladie, dégénérative je crois. Et les photos de corps en prennent du coup, plus de sens.
 
Mais voilà, cette photo postée parmi une dizaine d'autres photos de corps, sur un thème que j'ai intitulé "corps présents et absents", se trouva supprimée par Facebook. Mon compte fut restreint. 
 
Et voilà, je ne décolère pas de ce micro-événement, infime et sans réel importance. Vraiment ?
 
Tout cela ne serait pas si grave s'il ne s'agissait d'une photo de Sally Mann, notoirement l'une des plus grand-es photographes étasuniennes, et des plus cotées.
 
Ce ne serait pas si grave s'il ne s'agissait d'imposer un ordre moral généralisé, protestant, amerloque, pudibond, blanc, mesquin, médiocre, du goût d'un cowboy du Montana.
 
Ce ne serait pas si grave si ce goût de gardien de cimetière n'était pas planétarisé et imposé de partout par un vecteur unique, circonvenu. 
 
Ce ne serait pas si grave si le constat n'était que l'art et son expression sont, comme hier et ailleurs réduits par des curés et des flics, des névrosés tout-puissants, des talibans et des rabbins de merde, des fonctionnaires étriqués servis par des robots et algorithmes.
 
Mais toute la journée ça parle de tolérance, ce terme de l'antisémite Voltaire. De non-violence, ce terme mis au goût du jour par le mégalomane et agresseur sexuel Gandhi. 
 
Ça se tourne avec regret vers la culture classique et ses Judith du Caravage qui coupent la tête d'Holopherne, avec du sang partout, ses Christ musclés dégoulinants de sang, des bébés nus et potelés de Watteau ou de Poussin, ou des Grecs en érection, des nymphes violées par des cygnes, des Sabines enlevées par la soldatesque romaine pour être violées également. Ça se repaît des nus italiens de Michel Ange ou Vinci, ou Allemands de Cranach etc etc 
 
Ça affiche, dans une furie pornographique, des corps de gamines ukrainiennes de 16 ans sur les murs de toutes les villes du monde, exsangues, quasi-nues, recouvertes de guenilles qu'un pauvre ne pourra jamais acheter, cadavériques et sans joie, marquées du fer de marques milliardaires...
 
Mais ça ne supporte pas de voir un homme nu (dont pourtant le sexe est caché par la coulure chimique sur la photo).
 
Vous méritez vos curés pédophiles, vos imams libidineux et tueurs et vos putain de rabbins qui rasent la tête de leurs femmes. Car toutes ces créatures sont les vôtres les pères la pudeur, et leurs victimes ce sont les vôtres.
 
Quand on ne sait pas voir la beauté, qu'on interdit les corps, qu'on réduit le rôle de l'art à l'obscénité de la publicité, on est prêt pour quelques années d'ordre moral avec uniformes noirs, charniers, cérémonies aux flambeaux et art officiel. Celui-ci exaltera la grandeur des hommes, la fertilité des femmes, la blondeur des enfants et la puissance de l'État. Il fera fleurir sur nos murs la rigueur de la loi, l'omnipotence de notre foi dont les flots de sang diront la bienveillance morbide de nos martyrs, mis en exemple et couronnant nos sacrifices et ceux de la mort de nos gosses sur le front de l'ennemi. 
 
Peu importe lequel. 
 
Celui qui combat nos idéaux moraux : hystérique, pure et chrétienne, mâle et islamique, vengeresse et juive, raciste et hindouiste, hypocrite et protestante.
 
L'entente des tueurs, la collusion des obsédés de pouvoir, la conjuration des misogynes et des féminicides, le grand cercle de ceux qui élèvent des murs, tressent des sangles, des liens, font couler des ruisseaux de larmes enferment déclarent clament circonviennent affichent ordonnent tuent défilent interdisent 
 
Il est des symboles qui perdurent. Celui de la tête de Méduse, la sœur Gorgone que Persée décapita pour figer le serpent géant en pierre et délivrer Andromède.
 
Les Grecs la peignaient sur leurs boucliers pour terroriser les rangs adverses. Cheveux de serpents et langue tirée (souvenir de la Kali indienne). Athéna l'avait, incrustée à son armure. La sagesse et son péril, l'intelligence et la terreur qu'elle inspire au sot. Ça s'appelle une égide.
 
Je vais me la tatouer sur la poitrine pour éloigner ces salauds. 
 
La photo ci-dessous est d'une des filles de Sally Mann. Méduse enfant et sa terrible innocence. 
 
Qu'elle paralyse ces puritains, ces fascistes, ces malades que nous tuent l'âme.
 
Sally Mann vous dit merde.
 

 

 

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