De la religion 3 - de la première compétence exigée du croyant

 

 


J'évoquais dans l'article précédent une discussion avec un copain, en l'occurrence musulman bien que ça ne change rien qu'il fut ceci ou cela.

 
Discussion
 
- L'autre : Vous les français vous êtes toujours en train de remettre en cause l'État parce que vous en attendez tout. 
 
- Moi : si cela est vrai pour beaucoup, pour un libertaire, il n'y a aucune attente de l'État, mais la volonté de se gouverner soi, sans intercession ou metasystème au-dessus de la société.
 
- L'autre : oui mais il faut bien contrôler...
 
... A partir de là la discussion (par l'autre) veut faire la promotion de la religion comme moyen de contrôle pour imposer la paix.
 
Imposer, contrôler.
 
Et l'argument, faux :
 
- L'autre : l'islam a imposé la paix entre les arabes, parce que c'est la vie communautaire (umma) qui prévaut...
(Comme je l'évoquais précédemment :)
 
- Moi : non seulement Mohammed a-t-il été vraisemblablement assassiné par Omar, mais encore celui-ci a-t-il, aussitôt le prophète mort, lancé des guerres contre 'Ali. Non sans avoir consolidé le dogme en l'augmentant de toutes les interdictions et punitions auxquelles on pouvait penser. Ces guerres n'ont jamais cessé entre musulmans. Et aucune paix n'a jamais été imposée. 
 
La réalité historique est que l'islam est devenu une puissance territoriale mais sans pour autant que les guerres à l'intérieur de la umma ne cessent.
 
Ce qui vaut pour l'Islam vaut pour les autres.
 
Explication :
 
La confusion est totale : nous avons l'habitude depuis l'avènement du monothéisme, de confondre gouvernement civil et religion. Religion et morale, religion institutionnelle et vérité.
 
A juste titre pour une part, puisque le monothéisme sert précisément à cela : réduire la société par l'obéissance à un code moral émanant soi-disant de Dieu, pour occuper tout l'espace de l'action, de la politique et de la pensée. 
 
Rien de nouveau.
 
L'étonnant est tout de même que ce raisonnement "dieu = loi = paix" puisse continuer d'être invoqué en toute candeur, alors que l'histoire déroule une litanie de violences, religieusement justifiées depuis le massacre des adorateurs du veau d'or par Moïse aux environs de -500av jc jusqu'à... n'importe quelle meurtre commis par Israël jusqu'à hier soir et sanctifié par Dieu, ou la loi despotique des imams iraniens, saoudiens, les curés, les évangélistes amerloques etc etc.
 
L'étonnant est que le message "Dieu est bon" puisse annihiler la vérité factuelle historique : Mohammed tue, Moïse tue, Paul tue. L'islam tue , le judaïsme tue, le christianisme tue. En tant que tels et au nom de leurs "principes".
 
Dieu est bon/amour etc, recouvre l'acte violent. Étant bon/amour, rien de ce que je fais d'odieux n'est critiquable.
 
Au contraire : tout ce que je fais en son nom est valide.
 
Quitte à inventer : "avec l'islam il n'y a plus eu de guerres..."
 
Avec la loi (la torah), la conflictualité fut réduite.
 
Le message du Christ est amour, il apporte la paix...
 
Le religion ça n'est ni le sacré, ni le divin, mais leur captation par le pouvoir. L'institution religieuse est un méta-système par rapport à la société, qui préfigure celui de l’État qui s'y greffera vers le 16e siècle. Deux boules kysteuses, deux angiomes juchés l'un sur l'autre coiffent la société.
 
L'étonnant c'est la continuité des mêmes mots, phrases, raisonnements sur une planète qui est ravagée par le contraire, ce contraire qui est sous ses yeux mais où la capacité de rapprochement entre faits et croyance est rendu impossible. C'est toujours la "double pensée" (Orwell) qui opère : je trompe mon cerveau (les sens, les faits, ce que je vois) en lui disant que les faits doivent se conformer à la doxa.
Rien de différent du révisionnisme léniniste-stalinien, les opérations schizophréniques exigées du cerveau et des émotions par la religion sont proprement monstrueuses. On peut même dire que le révisionnisme est la première compétence exigée du croyant : qu'il se trompe lui-même. Ainsi le mensonge est-il la base exacte de toute croyance.
 
Pas étonnant que le souci constant des religions soit de prouver l'existence de dieu. C'est une obsession.
Prouver Dieu dont rien n'est palpable, visible ou factuel au point d'être "prouvable" revient évidemment à justifier le système de contrôle qui procède de la religion et qu'elle incarne.
 
Pour prouver Dieu il y a l'explication qu'on ne peut imaginer un monde sans Lui, donc. Ou bien, que Dieu c'est tout le visible et l'invisible, saturation du pensable, de l'imaginable où il n'est plus de place à non-Dieu. Donc. Ou bien, ce qui n'est pas explicable, trouvable, présence impossible c'est parce qu'il est mystérieux Dieu, et ses voies obscures. Donc. Ou bien Dieu existe parce que sa perfection suppose l'existence, donc encore (Descartes).
 
La foi, au dire des croyants, et en dernière analyse, suffirait à justifier Dieu. Comme si la foi venait, chronologiquement avant Dieu : Il y a la foi, donc il y a Dieu.
 
Dieu occupant tout l'espace et même là où il n'y a pas d'espace (histoire de couvrir toutes les possibilités), il émane de lui tout ce qui est moral.
 
Il n'y aurait de moralité que dans la religion (ce qui n'est pas entièrement faux, la morale n'étant que le déploiement de la haine du monde et l'évitement du réel au profit du fabriqué imaginaire, c'est à dire le contraire de l'éthique).
 
Moralité signifie dans ce cas, obéissance et conformité à la loi de Dieu. Moral, celui qui approuve et obéit, se plie, jusqu'au pire.
 
Est moral celui qui ne supporte pas la dureté, l'évidence du Réel. 
 
Immoral, le douteux et le rétif. Jusqu'à récemment, le terme d'athée qualifiait celui qui remet en question le dogme et non l'incroyant.
 
Douter et remettre en question, c'était déjà se placer en dehors de la communauté des croyants.
Le poison religieux est toujours aussi vivace. Il est présent dans la révision des faits historiques qui continue d'accommoder le pouvoir, et il est dans l'antienne "perte de repères", "besoin de spiritualité", "désenchantement du monde". Comme si la loi de fer, la misogynie, la violence des imams, rabbins et curés était un enchantement...
 
Il est dans le New age idiot et malfaisant, dans le yoga comme religion de la bourgeoisie planétaire américanisée, dans le relativisme et la lâcheté de la gauche mondiale incapable de remettre à leur place les salopards religieux, de peur de perdre des voix, dans la duplicité des présidents de la république française ci-devant chanoines de st Jean de Latran par tradition confusionniste. 
 
Et ainsi de suite.
 
Il est dans le bonheur hypnotique avec lequel nous réclamons de rester assoupis, d'être laissés au chaud, idiots, obéissants, prompts à retrouver le mensonge dès que la discussion commence à réclamer de l'effort. 
 
Une lâcheté qui abrite le meurtre.

 

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