Les Grecs, parce que...



 


 
 
Bêtement dits présocratiques, même quand ils étaient contemporains du vieux Silure.
 
Le monde s'écoule, la foudre gouverne, la discorde organise le cosmos, où l'harmonie redresse toujours les choses. Héraclite, Empédocle qui se jette dans l'Etna, Parménide...
 
Ils observent le monde et veulent l'exprimer. C'est ça la philosophie. Mais les Grecs ne sont pas des gens bien rangés, avec Six dieux d'un côté et six déesses de l'autre. Ils ont des titans, aveugles, bêtes et sans pitié : le temps qui dévore tout (hérité de la Kali des origines indiennes), ils ont la terre qui engloutit et se montre lourde, gravide aussi ; ils ont des montagnes dont le ventre est du feu où se façonnent le destin planétaire. Et quand ils sont olympiens, ils et elles demeurent des forces aveugles, traîtresses : Apollon frappe au loin, de nuit pour envoyer les maladies, tout lumineux qu'il est. Dionysos, dieu arrivé du fond des steppes scythes naît, s'enivre, devient vieux et fini dépecé, démembré dans les blés : pour qu'ils poussent. 
 
Tous les ans. 
 
Et tous les ans un jeune homme incarne le dieu dans les villages, s'enivre de pavot et de vin, tandis que les jeunes gens et jeunes femmes s'égaillent par la montagne : les enfants qui naîtront des bacchanales (de l'autre nom du dieu : Bacchos) s’appelleront enfants du dieu et seront sacrés. Le jeune homme lui, finit dans les blés, qu'il féconde de ses membres et de son sang.
 
Que les grecs aient le goût de la clarté de midi, c'est indéniable. Mais c'est aussi parce que la lumière sans pitié produit des ombres sans pitié, et que le monde grec est autant sombre qu'il poursuit la lumière.
Si on a appelé Héraclite "l'Obscur", c'est Parménide qu'on a le mieux trahi. A partir de l'interrogation du mystère de l'être qu'a lancé Parménide, l'occident s'est obsédé d'ontologie (science de l'être), pour toujours dire "il y a l'être, mais derrière lui, il y a l'être véritable. La réalité aussi est différente que ce qu'on voit, ce monde n'est qu'un pauvre reflet. Le réel est sûrement plus ou autre ou plus merveilleux que ceci : le réel." Avec Platon on invente le monde des idées, qui derrière le nôtre, est son origine, son modèle, sa matrice. En mieux.
 
Mais ça c'est parce que Platon est une patate et un aristocrate qui n'aime pas bien la populace, le désordre, et rêve de flics derrière tous les citoyens.
 
Parménide ne transige pas : l'être est, l'existence existe, le réel est réel. Et il n'y a rien d'autre. Si t'es pas assez fort pour te coltiner le réel, va te faire voir chez les romains. 
 
Outre que la démarche scientifique est largement promue par les grecs (mais ils ne sont pas les seuls, tous les peuples raisonnent et font science), ils sont heureux que le monde soit tragique, c'est à dire rugueux et sans pitié. Ils ne demandent pas qu'il soit autre. Et les dieux, ils le savent, sont autant de forces et de métaphores, d'indications de la nature. 
 
Platon trahira la cause du réel pour inventer de pénibles moyens de juguler les gens et les choses : les idées, la vérité, la république, la morale. Même les stoïciens ne parviendront pas à endiguer ce que le christianisme attrapera avec vice et calcul du platonisme : l'arrière-monde. Depuis, ils nous font chier. Jusqu'au nazi Heidegger qui détourne Parménide, détourne Héraclite, détourne Nietzsche pour les retourner comme des gants d'officier nazi.
 
Parménide emmerde Heidegger.
 
Vive les Grecs
 
 





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