L'Orient invente l'amour.

 


 

C'est l'Orient qui invente l'amour. Un Orient large de l'Arabie, à la Perse, disons, et jusqu'au Couchant - le Maghreb. Et qui n'est pas celui des orientalistes coloniaux, mais celui qui appartient à ses peuples.

L'amour entre les personnes n'est pas un thème occidental, encore moins un genre, avant que ne monte d'un profond Sud, et d'un lointain Est, jusqu'en Occitanie, un art de dire la personne, de faire advenir la personne, par les cataclysmes d'émotions qu'elle inspire. Pour les Grecs, le sujet est politique, ou éventuellement le jouet des dieux, ce qui revient au même. Mais, du Cantique des cantiques, jusqu'au Diwan de Rumi, en passant par le Fou de Layla, l'Orient fait exister la personne. Il explore dans le menu détail l'aimé-e, l'amant-e, les émotions qui se propagent dans les corps et entre eux, dans les cœurs et entre eux.
La poésie d'amour est anté-islamique, et l'Islam ne l'a pas empêchée. Au contraire, c'est le récit, l'étude, le récit de la poursuite des amours humaines qui va servir de base à la mystique musulmane, et même indienne non musulmane (vishnouïte, ou celle des Baûls). C'est comment on s'aime qui va servir de paradigme au cheminement mystique vers Dieu.

Au même moment, le christianisme ne propose qu'admonestation, haine du corps et rejet brutal de la sensualité, retardant peut-être de ce fait que le sujet vienne à former une réalité, en n'étant pas étudié, en n'étant pas narré, décrit, déliré. St Paul parle d'un amour abstrait, douloureux, et dont l'humain est absent. St Augustin passera devant tous les autres pères de l’Église (orientaux) pour dissimuler la sensualité de certains d'entre eux, et prêcher l'obéissance, la sécheresse du cœur ouvert seulement à Dieu, la macération.

On parvient donc à s'éloigner du poncif d'un monde arabo-perso-turco-musulman massifié, toujours au bord du fanatisme, et peinant soi-disant à créer en son sein une période des Lumières. Les Lumières arabo-musulmanes ont déjà eu lieu, et continuent de briller, autant que les nôtres de Lumières ont donné le capitalisme dans sa version libérale, le colonialisme, et un universalisme aveugle et meurtrier.

Ainsi le dernier bouquin de Richard Malka (à peine cent pages écrit gros) veut à toute force faire rentrer les arabes et l'islam, et 1500 ans d'histoire dans la case unique du wahhabisme.

Il a tort évidemment, l'avocat de Charlie Hebdo. Le fanatique c'est lui.

C'est par l'invention de l'amour que ce monde fait advenir la personne, le sujet, et c'est cette métaphore de l'amour entre les êtres que tout le reste du monde est apprécié.

Attention, torrent de beauté par Golshifteh Farahani : https://www.youtube.com/watch?v=cDkoQotB5vo
 

 



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