Tessons 1 : de poésie fracassée

 



(Au sujet de Sylvain Tesson au Printemps des Poètes)

Il n'y a rien de plus important que la poésie.
 
Rien.
 
Rappelons-nous : poiesis en grec c'est "création".
 
La poésie ça n'est pas de la mièvrerie sentimentale et lyrique. Ça n'est pas seulement la grandiloquence de Hugo. C'est aussi la précision de Hugo et sa simplicité. 
 
C'est l'aplomb d'écrire en allemand après la shoah parce qu'il le faut, Celan, pour rester humain. C'est les vingt ans de silence de George Oppen parti militer au Mexique en clandestin, et sa luminosité poétique, avant, après.
 
La poésie ça n'est pas un pensum à apprendre à l'école, même texte que papamaman et leurs papamamans avant eux, c'est Lorine Niedecker qui mettait une semaine pour écrire deux lignes d'amour ou d'étonnement au milieu d'une prairie, c'est Mahmoud Darwich, qui écrit pour résister sans haine, et aimer sans désarmer.
 
C'est autant la langue de Goodis dans ses polars que celle d'Erri de Luca faite au canif et à l'oeil, bleu, que celle de Faulkner en infinie spirale.
 
La poésie c'est pour combattre et pour se laisser pénétrer par autre chose que soi qui est aussi soi, mais plus ancien, mais plus nouveau, mais plus aiguisé, mais inconnu, mais gratté où on ne savait même pas être.
 
Alors la poésie ça se protège parce que c'est la première parole et la première danse et le premier chant, et qui ne se laissent pas à l'ennemi. L'ennemi comme on disait que le diable était l'Ennemi.
 
Leur langue n'est pas celle des premiers matins mais celle des derniers cris des suppliciés, brûlés, massacrés. Leur langue est celle du massacre toujours. Ils n'ont pas de poésie ils ont des chants de guerre et des cliquetis de mécanismes.
 
Alors on attend la venue de cette initiative à Marseille... Sinon on ira au plus près
 

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