Photo Vidal C. Photography, tous droits réservés
Une amie sur sa page d'un réseau social s'interroge sur l'affaire Betharram et se demande si ces gens à qui des enfants sont (furent, seront) confiés,
si ces gens détestent les enfants.
Ceux-là qui les violent, les fracassent, les humilient dans leurs écoles.
La réponse est oui.
Ils détestent les enfants.
Y compris les pédocriminels qui détestent les enfants qu'ils ont été, sans aucun doute déjà victimes de pédocriminels en leur jeunesse. A l'infini en arrière depuis le premier tueur, le premier violeur, la première humiliation.
Ils détestent les enfants parce que d'abord le judaïsme naissant dans le désert mésopotamien conduit Abraham à monter sur la montagne pour sacrifier son fils, sans question.
Sans question à Dieu.
Puis Dieu bombarde Sodome et Gomorrhe, avec les enfants qui s'y trouvent, les Justes qui s'y trouvent. Annihile les voisins des Hébreux.
Il tue les premiers-nés égyptiens.
Puis il confirme, par 613 commandements que le corps est haïssable, que le plaisir est réservé, le meurtre, le féminicide, l'infanticide sont des options qui sont posées au corps des lois. Le corps des lois contre le corps et sa liberté, sa souplesse magnifique.
Les cheveux de l'enfant assoupi, qui sentent le tilleul, sa chaleur vôtre, et la vôtre sienne.
Puis c'est Paul.
Paul et ses écorchures glorieuses, les croûtes qu'il se lèche avec volupté un soir où il se fait, voluptueusement, tabasser par des mécontents. Paul et ses haines et ses jalousies, les ratonnades qu'il conduit d'abord contre des chrétiens, puis, devenu chrétien dans un maelström de perversité et d'hystérie, contre les non-chrétiens.
Et qui tord le message de l'autre, là, qui ne disait qu'une chose : trouvez le moyen, en votre puissance, en votre possibilité, d'aimer ceux qui vous entourent.
Alors c'est toute l’Église qui se roule dans ce message de détestation de Paul : avec Tertullien le bourreau des femmes et Augustin, le bourreau de tout, et qui déteste les corps, l'innocence, qui déteste les questions, qui déteste la joie, qui déteste les yeux qui se perdent dans le vague, qui veut des gens les genoux sur des règles carrées à souffrir, qui aiment que ça saigne et qui disent que le sang lave, que le sang rachète des fautes que tu ne savais pas avoir commises, les yeux sur le Sauveur que ces sadiques n’ont toujours pas décroché du bois, depuis deux mille ans et qui saigne à flots, des pieds, des mains, des flancs.
Et toi qui es dans ton corps, au chaud, qui sais bien tes émois, tes langueurs, tes fraîcheurs, tes plaisirs, tes sensations sans nombre : innocents, tous. Surgies comme ça, sans haine ou laideur, toutes ces sensations tu le sais qu'elles sont innocentes, émergées du bosquet des muscles, des sommeils, des appétits naissants.
L’Église déteste les femmes, déteste les enfants. Déteste l'assurance d'un corps qui se campe avec aplomb, qui marche avec force, qui jouit avec abandon, qui s'enivre, ou qui rit fort, qui rit pour s'entendre rire. Qui rit pour faire rire les copains et les copines, et qui aime à s’endormir comme une masse, ou comme une souris.
Et puis, comme si ça ne suffisait pas que Abraham, Moïse, les prophètes avec leurs saletés d'ermites, leurs sexes rabougris et piqués d'épines de ronce (jouissance des détesteurs !), puis que les bonnes sœurs qui puent la musaraigne, puis que les moines tout secs qui courbent les Africains et les Indochinois dans une abjecte soumission, comme si ça ne suffisait pas que les juifs, puis les chrétiens aient cassé en deux les femmes, les enfants et ceux qui se tiennent droit, comme si tout ça ne suffisait pas, il faut encore un bédouin illettré qui prétend écrire et lire et qui parle au nom de Dieu et à qui Dieu parle, pour en rajouter.
Il Lui parle sous peine de mort, et tu dois le croire sous peine de mort, et fors la lettre strictement observée, c'est la peine de mort, et qui enferme à nouveau les femmes, ou qui sont enfermées en son nom, c'est tout comme, les germes de sa haine sont là, dans son livre lu par lui qui ne sait pas lire, mais qui sait tuer.
Il sait tuer : des caravanes entières, des villes entières, des idolâtres ou des villes juives, c'est tout comme, il tue, et il tue aussi ses contradicteurs, et encore 7 poètes qui le contredisent, et des femmes qui rient de lui, des chefs de tribus qui ne veulent pas de son joug, plus de cent assassinats qu'il a commandé, en plus des massacres de villes et de caravanes, il tue.
Pas une page qui ne dit pas que le corps doit être couvert, détesté, maltraité, méprisé, puni, puni, puni.
Punitions sans fin, et que personne ne trouve grâce, que tout soit fondu dans l'unicité d'une loi, encore une loi, la loi du Un-c'est-tout et alors tout le monde est forcément coupable. Et il fait un monde sans femme, dont les enfants sont coupés des femmes, de leurs mères, dès qu'ils sont assez vieux, coupés des femmes soumises, soumises, soumises. Tuées.
Alors comment s'étonner que 2500 ans de haine de la vie, haine avec ses variantes juive, chrétienne, musulmane, haine masculine, haine de chefs, haine de temples qui sentent la poussière, la bougie et le sang des bêtes, comment s'étonner qu'ils détestent les enfants ? Comment s'étonner qu'ils les brisent les humilient et les tuent ou les laissent pour morts ?
Trois religions qui sont des variations sur la même haine, la même peur, la même panique devant les corps et la joie.
Qui sont en fait la même religion.
Et qui a fait des petits cette religion, dans la rigueur et la tristesse des écoles de la République, leur plan carcéral, leurs murs, leur couleur faite pour désespérer, pour faire rentrer dans le rang, se savoir surveillé, ou finir à l'échafaud. "Tu finiras sur l'échafaud".
L'école publique digne héritière du corset religieux et les pisse-froid de la République, aussi fanatiques, aussi haineux, aussi froids que les curés, les imams, les rabbins. Brisant les provinces en brisant les enfants. Spoliant, dévastant les enfants pour planter l'unicité partout.
Ou y a t'il des corps et des libertés dans ces rangs par deux, ces claques que j'ai reçues à l'école de Jules Ferry, les coups de pied au cul, les humiliations devant tout le monde, l'ennui succédant à la honte, la double claque de Monsieur Décanis sur mes deux oreilles en même temps, ou celle du Censeur sur l'oreille droite, ou Monsieur Delataille et ses attouchements sur Carole Révillon dont nous étions tous amoureux et dont nous ne pouvions comprendre le trouble, sortant en larmes de la classe fermée à clé ?
Qu'on ne dise pas un mot de l'amour de Dieu en ma présence quand tous ses serviteurs, tous, sans exception le servent pour de mauvaises raisons et le servent mal. Ils le servent Lui, parce qu'il sont incapables de servir la vie pleine qui nous regarde en face.
Qu'on ne parle même pas de Dieu en ma présence. Ils sont déjà incapables d'aimer la vie mais ils voudraient aimer au-delà.
Le monde est vide de Dieu.
Tant mieux.
Vous pleurez Sa disparition mais c'est vous qui avez vidé le monde de la fraîcheur du monde, des chairs, des sucs, des joies qui peuplaient le monde. Et vous y avez mis Dieu en disant qu'il était le seul objet à aimer. Et vous avez écorché, poursuivi, battu, vidé, asséché, violé, tué, coupé en deux, désespéré le pauvre monde.
Aujourd'hui le monde serait vide de sens ?
Mais c'est vous qui en avez ôté le sens. Alors que :
Le sens du monde c'est l'enfance qui s'endort au chaud, les cheveux qui sentent le tilleul, et qui plus tard regardera dormir ses enfants.
Nota : Photo Vidal C. Photography, tous droits réservés
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