Tous les soirs, une oeuvre : Erri de Luca

 


 
 
Les personnages masculins d'Erri de Luca, sont patients, napolitains ou alpinistes, secrets, et de la retenue des paysans qui n'inventent pas des choses qui n'existent pas. Parfois ils sont des gauchistes en fuite de la loi.
 
Ils tombent amoureux de femmes - pas mystérieuses ou évanescentes, ou légères à tenir des propos élégants, cryptés - mais de femmes entières, qui ont de secret ce qu'elles ont choisi de ne pas dire et non quelque terrible énigme. Même de l'auteur elles sont autonomes.
 
Personne ne se donne, personne ne subit, ou succombe à un-e autre chez Erri de Luca. Les gens s'aiment, ou se combattent, fuient, agissent, observent, et ce qui sort des bouches n'est jamais bien tourné pour faire plaisir à un lecteur - bourgeois, acheteur de livres, amateur de littérature.
 
Ce qui sort des bouches, en mots, est nécessaire, pas apprêté, c'est pourquoi c'est toujours d'une poésie terrible.
 
Et s'il y a toujours un secret qui se dévoile, politique souvent, de lutte, c'est que les protagonistes ont vécu avant d'arriver dans le livre. L'auteur est le premier à découvrir ce qui leur arrive. 
 
C'est tout le contraire, de Luca, du scénarisé, de la recette. Des existences, de la beauté, des larmes qui ne s'excusent pas de couler qu'on soit heureux, surpris, ou triste. 
 
Et les livres, courts, avançant d'un pas sûr de montagnard, d'un geste de pêcheur, mains calleuses, regard bleu, corps intelligents, sentiments en place.
 
Immense.

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