Tableau Neil Cunning
Nous ne sommes qu'une vaste expérience, continue, du capitalisme.
Du capitalisme et de ses avatars, c'est à dire, comme le nom sanskrit l'indique, une forme particulière du dieu. Tantôt libéralisme, tantôt colonialisme, tantôt patriarcat, tantôt avec des éléments de plusieurs avatars. Comme Krishna, Matsya, ou Râma sont des avatars de Vishnou.
La France coloniale met au point des techniques de contre-insurrection, de contrôle des populations algériennes, où se conjuguent torture, nassage de quartiers et opérations de terreur d’État, militarisation de la force civile. Elle y forme la CIA dans les années 60/70, qui à leur tour les peaufine en Argentine, et y forme l'Afrique du Sud...
L’École de Chicago, laboratoire du libéralisme, pose qu'il faut profiter des catastrophes naturelles étasuniennes, ou de crises économiques pour privatiser le commun, les services publics, en conjuguant mise en faillite du public, morcellement des services en niches lucratives, abandon pur et simple de ce qui reste pour prouver l'inefficacité de la gestion publique, consciemment orchestrée. Ce qui n'est pas en crise est scénarisé comme l'étant : "War on Drugs" proclame Reagan pour occuper l'espace et trouver des débouchés financiers à son économie, notamment dans le secteur de la sécurité et des armes (1).
Thatcher emboîte le pas dans l'Angleterre des années 70/80. Il faudra attendre 2017 pour que la France cesse de dissimuler une politique commencée sous Mitterand, et largement poursuivie par Sarkozy, Hollande et évidemment Macron.
Les extrêmes droites européennes font des coups de sonde depuis le Vlaams blok néerlandais de 1989, ou avec les différents déguisements du fascisme hongrois, slovène, italien, autrichien, polonais, puis finlandais, allemand... français.
Aujourd'hui leurs idées et leurs expérimentations sont au programme de 80% des nations européennes. Sans parler des US, des Philippines, de plus de la moitié de l'Amérique latine.
Trump chasse les migrant-es mexicains et ... tous les autres. Retailleau se sent pousser des ailes.
Laboratoire encore de la tolérance de l'opinion à l'invasion : premier de la classe, les États unis depuis le Vietnam (j'aurais pu dire depuis la Corée) - Panama, Grenade, Somalie, Irak1 et 2, Afghanistan... Suivi d'une courte tête par la Russie.
Acceptabilité du génocide comme forme de gestion stratégique, tolérable si elle est occidentale et sans parler du génocide secret, immense de la Chine de Mao et du Cambodge des Khmers rouges, du Biafra, du massacre des Guayaki au Paraguay, de la Nlle Guinée occidentale, Bengladesh, Ethiopie, Soudan, Guatemala, Kurdes d'Irak...
Non je ne compte pas tout ça, qui se passe ailleurs que chez les civilisés occidentaux. Non, non. L'occidental massacre, ou la responsabilité avérée occidentale, c'est :
Rwanda
Srebenica
Kosovo
Yezidis, kurdes, chrétiens d'orient par Daech grâce aux manigances américano-européennes
Gaza.
Et enfin, Israël comme laboratoire de la possibilité du massacre comme système de gouvernement interne et de relations de politique étrangère.
En mettant tout le monde devant le fait accompli du génocide et en y mouillant tous ses alliés, on en fait des complices obligés de nier les évidences, maquiller la réalité, se ranger derrière des actes de meurtres de masses normalisés parce que tout le monde se tient par la barbichette.
Reste la pratique de la "guerre préventive", toute proche de celle de tolérance à l'invasion décrite plus haut. C'est celle de l'attaque de l'Iran par Israël, à laquelle le bloc occidental se ralliera, je pense, assez massivement.
Gageons que dans les jours qui viennent on assistera à des volte-face, des mensonges, des dénis de réalités, des présidents se prenant les pieds dans le tapis, bref, l'habituelle confusion de qui fuit vers l'avant pour ne pas avoir à considérer ses actes avec pondération.
Ce qu'on n'a pas encore expérimenté c’est la guerre nucléaire. La vraie. Avec cibles civiles distantes de 10 000km, centaines de milliers de morts instantanées, frappes "pour voir" et frappes en retour, pollution absolue de milliers de km2, destruction de tous liens et structures culturels, dislocation de sociétés entières, nouveaux paradigmes de l'horreur impossibles à saisir avant au moins deux générations où des concepts comme l'irradiation, la perte soudaine de populations entières impacteront la manière de penser des notions telles que "responsabilité", "Histoire", "espèce humaine", "avenir".
Un laboratoire, voilà ce que nous sommes, à courir dans des cages de verre sous l’œil du savant et de ses commanditaires.
1. Cette méthode est très largement expliquée par Naomi Klein dans "La stratégie du Chaos" et largement mise en œuvre par les EU depuis le coup d'état de Pinochet au Chili.
Commentaires
Enregistrer un commentaire