La ronce et l’ortie, la digitale, aussi la cigüe et le plantain. Ces plantes que parcourut mon enfance, me parcourent à leur tour encore aujourd’hui, qui marchais au milieu d’elles hier. Bras levés, à peine respirant, évitant, enjambant, les fauchant d’une branche de coudrier dans une petite rage de guerrier minuscule, me gardant que la cigüe ou la digitale vinssent à me toucher. C’est la grand-mère Baillon qui m’en avait distillée la défiance. Qui savait les reconnaître. Mais en craintive paysanne pourtant décrochée des solides savoirs anciens, elle vouait à peu près toutes les plantes à la même prudence. La ville l’avait gagnée peut-être, et l’antique haine chrétienne pour tout ce qui jaillit bellement et sans crainte. Le plantain pour se frotter de la piqure de l’ortie. La cigüe qui confondait par ses ombelles toutes les autres tiges efflorées, fenouil, carotte, angélique, dans une même crainte de mourir mystérieusement et sans faillir. La digitale pour s’en te...
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